Au commencement était une crise.
Nous sommes le lundi 6 mai. Voilà maintenant 1 mois que je me suis lancée le défi de concevoir mon BB blog en 9 mois. J’avais prévu d’écrire un article par semaine. A ce jour, j’aurais donc dû écrire cinq articles. J’en suis à mon sixième. Nous atteignons le stade embryonnaire. Mission accomplie. Poursuivons !
Je commence cette série d’articles avec le livre de Marie Robert « le voyage de Pénélope » (2020). Il permet, à mon sens, d’entrer facilement en philosophie, qui plus est en compagnie d’une femme philosophe, et non des moindres ! Je vous propose dans cet article un court résumé suivi de quelques détails sur le personnage de Pénélope qui me parle beaucoup. J’enchaînerai avec un second article sur les notions philosophiques abordées dans ce livre.
Résumé court du livre le voyage de Pénélope
Le Voyage de Pénélope, c’est l’histoire d’une trentenaire en crise.
Pénélope a tout pour elle, mais elle décide de tout quitter. Elle décide de tout quitter parce qu’elle a peur, mais aussi parce qu’elle choisit de faire confiance à sa petite voix intérieure. Pénélope n’est pas sage, mais elle est courageuse.
Elle s’interroge beaucoup. Elle se demande ce qu’il y a après la rupture. Qu’est-ce qu’on fait du chaos ? Que faire de l’imprévisible ? Elle se demande pourquoi c’est si naturel pour les autres d’avoir des enfants. Pourquoi ça a l’air si facile pour les autres ? Elle ne veut plus de son travail, non pas par provocation ou pour embrasser un autre projet mais parce qu’elle ne s’y sent plus à sa place.
Tout cela est à l’image des grains de sable sur ses draps qui l’empêchent de dormir. Elle veut savoir d’où ils viennent, pourquoi ils la dérangent et comment s’en débarrasser. Alors elle creuse, et elle va même chercher un peu plus de sable en Grèce et ailleurs. Et c’est à force de creuser qu’elle touche le fond et y déterre quelques trésors.
Parmi ces trésors, elle rencontre philosophie. Elle récolte plus de questions que de réponses mais elle trouve le sens. Une direction. Elle finit par accepter qu’il n’y a pas de but ultime, ni de problème à résoudre. Pas de destination. La destination, c’est le chemin. Le but, c’est le voyage. Elle réalise que tout est là. Que tout était déjà là, mais qu’il suffisait d’ouvrir les yeux pour le voir. Le sable, c’est aussi agréable pour marcher un peu et s’y reposer.
Ce livre est pour tous ceux qui vivent une période de rupture et de changement. Pour tous ceux qui ne sont pas sages. Parce qu’ils divorcent, parce qu’ils démissionnent, parce qu’ils ne veulent pas faire d’enfants, parce qu’ils déménagent, parce qu’ils ont peur de tout, parce qu’ils ne veulent pas entrer dans un moule. Pour tous ceux qui se posent un peu trop de questions. Pour ceux qui vivent un voyage intérieur un peu mouvementé. Et pour ceux qui ont dû un jour quitter leur port d’attache, ou qui ont l’âme d’un pirate fêlé en quête de trésors.
Pénélope et moi
Pénélope, c’est un personnage auquel je me suis beaucoup attachée. Et pour cause, nous nous ressemblons beaucoup, elle et moi. C’est fascinant.
Comme moi, elle a 30 ans. Elle travaillait dans le Droit et a quitté son travail. Elle a aussi quitté Paris pour la Méditerranée. Sa famille s’inquiète parce qu’elle n’a plus de « vrai métier ». Elle vit une relation très forte avec sa sœur, pourtant si différente. Elles incarnent la sororité. Elle aime écrire de belles correspondances d’amour ou d’amitié. Il y a aussi ce rituel du lit, tellement similaire au mien :
Je vais me coucher sans avoir totalement l’impression de m’être mise debout. Rituel du lit. Cérémonie de l’oreiller. Je le retape comme il faut, j’apprécie sa fraîcheur, vierge de sommeil. Je me glisse sous mes draps, heureuse de retrouver la protection confortable de ma couette. J’ai à peine les pieds posés sur le matelas que revient cette insupportable sensation d’inconfort, cette chose qui me démange. C’est encore ce foutu sable qui m’avait sortie du lit ce matin.
Comme moi, elle est vraiment longue à la détente. Elle ne fait pas partie « des gens qui ont la répartie immédiate, ceux qui arrivent à trouver les bons mots en un seul claquement de langue. Ce n’est pas de la lenteur, ni du désintérêt ». C’est qu’elle a besoin « d’absorber les phrases avant d’y répondre ».
Elle se sent aussi toujours « un peu idiote » :
(…) alors, comme souvent quand tout me semble inconfortable, mon esprit s’emballe, et je me retrouve à balbutier des mots encore plus gênants que le silence.
Mais surtout, Pénélope interroge les ruptures, les crises, le chaos et tout ce qui peut mettre un grain de sable dans la machine :
Par où commencer ? Qu’est-ce qu’il y a après le chaos ? (…) Que faire une fois que tout s’est écroulé ? Comment surmonter la destruction si ce n’est en se transformant ?
Alors, elle déconstruit, elle reconstruit. Elle se sent un peu perdue sans l’éclairage de ses professeurs, mais elle continue tout de meme en autodidacte, en faisant des fiches de tout ce qu’elle lit. Surtout, elle trouve du réconfort dans la philosophie, pour l’aider à concilier ses contradictions. Et elle aimerait transmettre ce qu’elle apprend :
La philosophie comme seule réponse à l’incertitude. Qu’allons-nous devenir ? (…) Est-ce que ce savoir dont je me remplis m’aidera à accepter ce que je suis ? Je l’ignore. J’ai compris qu’il n’y a pas de but à viser et rien à résoudre. Je franchis cette porte tous les jours sans d’autres perspectives que de partager ce moment avec elle et faire vivre ces connaissances.
Plus intéressant encore à mes yeux, elle interroge aussi la maternité, qui semble si évidente pour d’autres :
Je veux comprendre. Comment ont-ils fait ? Je me moque des poussettes et de la stérilisation des biberons, je veux savoir comment ils sont parvenus à surmonter leurs peurs et avoir l’air si heureux. Car c’est bien la peur qui me ronge. La plupart des gens font comme si devenir parents était la continuité du couple, un accomplissement autant qu’une formalité. Un élan naturel qui nous relie les uns aux autres depuis des millénaires. Mais pour moi, ce n’est rien de tout ça.
Pour ma part, je trouve que les questions de biberons et de poussettes ont toute leur importance, parce qu’il n’est pas toujours aisé de trouver des informations de qualité et non sponsorisées. Mais je suis d’accord avec ce constat : la maternité, c’est tellement plus que ça, et ce n’est pas banal ni évident. C’est bouleversant, et ça interroge.
Enfin, même si Pénélope est peureuse, elle essaie d’être courageuse :
(…) continuer à entretenir ce que j’ai de plus louable, cette capacité d’éteindre ma peur en allant au plus profond d’elle, en la tenant entre mes mains (…) je cesse de me dénigrer et j’accepte l’idée que ma sincère curiosité est suffisante pour être appréciée, et surtout pour convaincre.
Bref, je me reconnais beaucoup dans le personnage de Pénélope et dans sa démarche qui est, en somme, quelque peu similaire à la mienne : chercher des réponses dans la philosophie et la littérature pour aider à traverser un bouleversement. Celui de la maternité. Tu comprendras donc aisément pourquoi j’ai choisi de te parler de ce livre en premier.
Avec son livre, Pénélope répond à son problème. Que faire de nos chaos ? Que faire de nos vulnérabilités ? Il faut les vivre, avec philosophie, nous suggère-t-elle.
Ainsi fut la crise, et la reconstruction qui suivit.
Et toi, que t’inspire le personnage de Pénélope ? Où te mènent tes crises ? Dis-moi tout en commentaires ou retrouve-moi sur mon compte Instagram @bigbangmama et sur Facebook. Je te donne rendez-vous avec Pénélope dans le prochain article pour une petite histoire de la philosophie.
Vers l’infini et au-delà, Big Bang Mama !
très intéressant en effet, ça donne envie de le lire! je ne pensais pas qu’on pouvait être philosophe et romancière, mais finalement ça va bien ensemble.
et cette question de la maternité, innée ou non, est pertinente. et d’actualité!
en effet je me reconnais bien aussi dans Pénélope en pensant à la jeune femme que j’étais à 30 ans. vouloir un enfant parce qu’il le faut ou parce que j’en ai envie? il m’a fallu presque 10 ans de plus pour y répondre 🙂
Merci beaucoup pour ton retour !
Effectivement, on peut finalement conjuguer n’importe quelle activité / thème avec la philosophie. Il suffit d’ouvrir une petite parenthèse pour essayer de réfléchir au monde qui nous entoure.
Et je vois que je ne suis pas la seule à me reconnaître dans le personnage de Pénélope.
A bientôt !
Effectivement il ya un très grand parallèle entre Pénélope et le but même de ce blog, c’est parfait pour démarrer ce voyage.
Justement en parlant de voyage, y a-t-il un lien entre le choix de Pénélope comme nom du personnage éponyme et Ulysse ?
Pénélope est le nom du personnage principal imaginé par Marie Robert mais également le nom de la femme d’Ulysse.
C’est précisément elle qui impulsera tout le voyage de Pénélope.
D’une part, parce que Pénélope – le personnage – souhaite savoir pourquoi Pénélope – la femme d’Ulysse – a attendu aussi longtemps son retour, sans chercher à vivre elle-même ses aventures.
D’autre part, elle ressent un élan vital qui la pousse à partir vers Ithaque, où vivaient Pénélope et Ulysse. Elle se fait confiance.
Enfin, elle semble s’identifier alternativement à Pénélope et Ulysse.
Le lien entre Pénélope et Ulysse via sa femme est donc établi sous forme de symboles et de clins d’oeil. C’est comme si, avec le voyage de Pénélope, Ulysse et Pénélope avaient inversé les rôles. C’est Ulysse qui reste à la maison et c’est Pénélope qui part découvrir monde.
A bientôt !
Ah oui le lien est plutôt important ! Merci pour l’explication.